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Retrait de Trogarzo® : le TRT-5 CHV condamne Theratechnologies et la loi du profit dans l’industrie pharmaceutique

publié le 30.05.2022

COMMUNIQUE DE PRESSE30 mai 2022

Le 27 avril dernier, le Laboratoire Theratechnologies annonçait par communiqué de presse le retrait de Trogarzo® du marché européen. Cette nouvelle intervient dans un contexte d’inquiétude quant à la prise en charge des personnes vivant avec un VIH multirésistant. Devant la brutalité de cette décision, le collectif TRT-5 CHV exprime sa colère et son incompréhension.

Trogarzo® (ibalizumab) est le premier anticorps monoclonal ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché pour le traitement du VIH-1. Positionné comme traitement de dernier recours, Trogarzo® est prescrit aux personnes vivant avec une souche VIH-1 multirésistante. Peu nombreuses, ces personnes ont généralement épuisé les options thérapeutiques disponibles sur le marché. L’indisponibilité de Trogarzo® en France risque d’aggraver l’état critique dans lequel elles se trouvent alors que leurs parcours de vie et de soins sont déjà très difficiles.

Fin mars 2022, Theratechnologies approchait le collectif TRT-5 CHV pour faire part de difficultés rencontrées dans le cadre des négociations avec le CEPS (Comité Économique des Produits de Santé), en charge de fixer le prix des médicaments en France. Selon nos informations, le laboratoire souhaitait obtenir un prix facial à plus de 100 000 euros par an, soit 2,5 fois plus cher que le traitement de dernier recours le plus récent. Pour rappel, le coût annuel d’une trithérapie classique se situe en moyenne autour de 7 000 € par an.

Inquiets pour l’accès à Trogarzo® dans un contexte où les options thérapeutiques pour les personnes concernées viennent à manquer (arrêt de commercialisation du Fuzeon® de Roche, pause dans le développement du lénacapavir de Gilead, perspectives sombres pour l’islatravir de MSD), le collectif a alors demandé à être auditionné par le CEPS. Durant cette audition, nous avons rappelé les pertes de chances des personnes en situation d’échappement virologique ainsi que l’arsenal thérapeutique limité dans cette indication. Parallèlement, nous écrivons au laboratoire que l’accès ne devait « pas être menacé par l’incapacité des parties prenantes à trouver un accord (…). Ainsi, indépendamment des enjeux économiques qui vous sont propres, nous en appelons à votre diligence pour mener ces négociations à bien dans l’intérêt des personnes en multi-échec dont vous connaissez la difficile situation ».

Un mois plus tard, alors que la proposition du CEPS est toujours en attente d’une réponse de Theratechnologies, la nouvelle tombe : le laboratoire se retire du marché européen, mettant en cause les conditions de prix et de remboursements en Europe. Dans 180 jours, les droits de commercialisation retourneront à TaiMed Biologics , biotech américano-taiwanaise à l’origine du développement du produit (ibalizumab – TMG-355) qui via une laconique communication sur son site Internet, annonce néanmoins qu’un prix plancher de commercialisation avait été fixé afin de garantir à TaiMed « un profit raisonnable »[i]. Nouvel argument pour le plaidoyer en faveur de la transparence sur la chaine du médicament dont l’opacité rend impossible la prise en compte des coûts réels dans la fixation du prix.

Dans son communiqué de presse, Theratechnologies assure qu’ils « honoreront leurs obligations réglementaires vis-à-vis des patients actuellement sous Trogarzo® pendant la durée requise »[ii] avant de se décharger sur TaiMed, aujourd’hui dans l’incapacité d’approvisionner les patients européens sans un partenaire habilité par les instances européennes et nationales à la commercialisation de médicaments au sein de l’Union. A ce jour, malgré ses sollicitations, le collectif n’a obtenu aucune garantie concrète de la part de Theratechnologies quant au maintien de l’accès au Trogarzo® pour les personnes actuellement sous traitement, comme pour celles qui pourraient en bénéficier dans le futur.

Qu’on se rassure néanmoins (sic), Theratechnologies conclut son communiqué de presse en apaisant les possibles inquiétudes de ses actionnaires sur l’impact financier de son retrait du marché. Une courtoisie que l’on aurait pu attendre pour les personnes dont la santé dépend de ce traitement !

Le TRT-5 CHV condamne fermement Theratechnologies dont la décision prive des personnes d’un traitement qui devait certes encore faire ses preuves en vie réelle, mais dont l’absence expose les plus fragiles à de graves conséquences pour leur santé.


[i]reasonnable profit

[ii]We intend to honor our regulatory obligations vis-à-vis patients who are currently receiving Trogarzo®

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