Témoignage d’un « hardeur »
Article d’origine : CHV // 
« Ça donne à réfléchir ! »
Je viens de finir le traitement de six mois d’une hépatite aigüe et j’ai du mal à m’en remettre… C’est vrai, je pratiquais la baise «hard» (sodomie et fist, sans préservatifs ni gants). Je disais clairement que j’étais séropositif et indétectable.
Apparemment, dans le lieu où j’allais, nous l’étions tous, ce qui nous permettait de barebacker en toute « bonne conscience » ! Je pensais qu’on ne pouvait attraper que des maladies faciles à traiter. J’ai déjà eu deux chaudes pisses et un début de syphilis, je suis rôdé… Mais personne ne m’a parlé d’hépatite C.
À l’automne 2003, mon médecin a vu une anomalie dans mon bilan. Après quelques tests, il m’a annoncé une hépatite C aigüe de deux ou trois mois. Nous avons attendu deux mois. Pendant ce temps, j’ai consulté deux professeurs « stars du foie » à Paris. L’un m’a conseillé le traitement et l’autre non. Ce dernier m’a proposé d’attendre de nouvelles molécules moins toxiques. Je suis allé dans un groupe de paroles sur les hépatites. J’ai vu une femme qui faisait son cinquième traitement (un an à chaque fois…), un homme en cirrhose et un transplanté. Ils avaient l’air de mener un tel combat contre cette hépatite et contre le traitement…
Cela m’a décidé à commencer le traitement, d’autant plus que l’hépatite n’a pas guéri. Six mois, qui m’ont paru des années… J’ai l’impression d’avoir 20 ans de plus, j’ai perdu 8 kilos, le moral et la libido en ont pris un sacré coup. À mon travail, ils doivent croire que j’ai un cancer ou le sida, alors que j’ai toujours réussi à cacher que je suis séropositif !
Je suis retourné au backroom pour prévenir mes petits camarades de jeu. Certains ont ricané mais d’autres ont été sérieusement ébranlés, par mon histoire et par la tête que j’avais – j’ai le teint verdâtre, mon beau petit cul a fondu, et je ne bande plus…
Cette histoire m’a calmé et m’a fait réfléchir. Je ne suis pas sûr d’être guéri de l’hépatite, mais je crois être guéri de l’inconscience de l’amour « hard » non protégé…
Propos recueillis par M. L’H., juin 2014