Un guide associatif pour compléter le protocole de soins
Depuis la fin 2005, les demandes de prise en charge à 100 % au titre d’une Affection de Longue Durée (ALD) doivent être faites sur un nouveau formulaire : le protocole de soins. Les associations du TRT-5, en collaboration avec la Société Française de Lutte contre le Sida (SFLS), publient un guide (téléchargeable ci-contre) pour faciliter le remplissage du protocole de soins pour l’infection par le VIH. Ce guide est destiné aux médecins traitants, aux médecins spécialistes de l’infection par le VIH, aux médecins conseils des caisses d’Assurance Maladie…et, bien sûr, aux personnes atteintes par le VIH.
SOMMAIRE DU GUIDE Pourquoi faire simple, préface de Denis Lacoste (président de la SFLS) Le protocole de soins, pour quoi, pour qui ? Quelques questions fréquentes VIH/sida : les formulations globales sont acceptées et propositions de formulations globales LE GUIDE PROTOCOLE DE SOINS ALD VIH à télécharger Depuis la fin 2005, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAM-TS) a mis en place un nouveau « protocole de soins » pour toutes les personnes faisant une nouvelle demande d’exonération au titre d’une Affection de Longue Durée (ALD). Ce protocole de soins doit être établi par le médecin traitant, dans le dialogue avec le patient, en concertation avec les médecins spécialistes intervenant dans la prise en charge, avant d’être, en dernier lieu, validé par le médecin conseil de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM). La mise en place de ce nouveau protocole complexifie l’accès à l’ALD pour les personnes gravement malades. Les associations du TRT-5 publient aujourd’hui, en collaboration avec la Société Française de Lutte contre le Sida, un guide pour favoriser la compréhension du nouveau protocole de soins et faciliter son remplissage par les médecins suivant les personnes atteintes par le VIH. Ce guide est disponible auprès des associations du TRT-5.Préface du guide « protocole de soins ALD VIH » par Denis Lacoste, président de la Société Française de Lutte contre le Sida
Ayant pris connaissance du nouveau protocole de soins pour les demandes d’ALD – qui concerne les patients nouveaux entrants dans le système des ALD ou nécessitant un renouvellement – et ayant été amené à renvoyer ces demandes vers les médecins traitants, quelques commentaires nous semblent nécessaires. L’on a toujours souhaité qu’un document qui engage la prise en charge sur le long terme de la personne atteinte soit fiable, simple et puisse donc être complété par le médecin traitant de façon efficace. Les situations représentées par beaucoup de patients vivant avec le VIH sont d’une extrême complexité et laissent augurer que l’exhaustivité de la description de la prise en charge ne soit pas toujours réalisable. Les explications et commentaires apportés par le présent guide permettent de façon assez large de s’y retrouver, même si toutes les situations ne peuvent bien sûr pas y être envisagées. De manière générale, nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation complexe du fait du circuit à respecter. Le médecin traitant, dans la plupart des cas un généraliste exerçant en ville, ne pourra élaborer un protocole de soins exhaustif sans établir des relations étroites avec les médecins spécialistes impliqués. Il est également indispensable d’avoir une réflexion et d’anticiper les situations de précarité où le médecin traitant n’est pas identifiable, et de proposer des aménagements du protocole qui puissent être mis en place. Enfin, il est éminemment souhaitable qu’en dehors du dialogue hôpital/ville, spécialistes/médecin traitant, le médecin-conseil aussi puisse être accessible pour les cas difficiles. Nous sommes dans une année importante pour l’organisation des soins de l’infection par le VIH, puisque 2006 verra notamment la mise en place des COREVIH [[comité de coordination de la lutte contre l’infection par le VIH]] et la réactualisation du rapport d’experts sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (sous la direction du Professeur Patrick Yéni). Les recommandations de ce rapport, et d’autres référentiels à venir, devront pouvoir être prises en compte dans le formulaire. Dans le nouveau système instauré par l’Assurance Maladie, les médecins traitants se voient confier des tâches particulièrement complexes engageant l’avenir de la prise en charge des patients. Même si le remplissage du formulaire du protocole de soins donne lieu à rémunération, ce nouveau dispositif réactive la notion de consultation “lourde”, accentue la complexité de la prise en charge et n’apparaît pas, de prime abord et sans le déploiement d’outils et de moyens adaptés, comme un élément favorisant le partage des tâches entre la ville et l’hôpital.Le protocole de soins, pour quoi, pour qui ?
Depuis la fin 2005, les demandes de prise en charge à 100 % au titre d’une Affection de Longue Durée (ALD) doivent être faites sur un nouveau formulaire : le protocole de soins (Cerfa 11626*03, téléchargeable sur le site de l’Assurance Maladie www.ameli.fr et ci-contre). Au début 2006, de nombreux médecins ont éprouvé des difficultés à le compléter correctement faute d’indications suffisamment claires de la part de l’Assurance Maladie. De ce fait, des personnes séropositives se sont vu refuser la prise en charge à 100 %. Pour quels patients ? Le protocole de soins concerne, depuis le début 2006, tous les patients entrant en ALD ou en renouvellement d’ALD. En revanche, les patients déjà en ALD, pour qui le médecin avait complété un formulaire “ancienne version” (PIRES), peuvent le conserver pendant une période transitoire, jusqu’au 1er juillet 2008. Qui complète le protocole de soins ? Le protocole de soins doit être complété (et signé) par le médecin traitant (au sens Sécurité sociale), en concertation avec le patient et avec le (ou les) médecin spécialiste qui suit le patient pour son ALD. Le médecin traitant envoie ensuite le protocole de soins au médecin-conseil de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) du patient. La CPAM valide ou non le protocole de soins (les cases cochées correspondent à un refus de prise en charge à 100 %), puis le retourne au médecin traitant. Le médecin traitant ne doit pas hésiter à contacter le médecin-conseil de la CPAM si besoin. Dans les cas d’urgence ou lorsque le patient nécessitant une prise en charge ALD n’a pas déclaré de médecin traitant, le protocole de soins peut être signé par un médecin qui n’est pas le médecin traitant. Le patient dispose ensuite d’une durée de six mois renouvelable pour trouver un médecin traitant, qui re-signera un protocole de soins. Indispensable “médecin traitant” Tous les assurés sociaux doivent choisir un « médecin traitant » et le signaler à leur CPAM (Caisse de Sécurité sociale). C’est nécessaire pour être remboursé aux taux normaux et pour bénéficier du 100 % dans le cadre d’une ALD (Affection de Longue Durée). Le « médecin traitant » peut être un généraliste ou un spécialiste, de ville ou hospitalier. Mais il faut qu’il soit d’accord. Cependant (comme indiqué en page 4), si la prise en charge doit débuter rapidement et que le patient n’a pas encore de médecin traitant, le protocole de soins peut être complété par un autre médecin. Le volet patient Après accord entre médecin traitant et CPAM, le patient lit, puis signe le protocole de soins et le médecin lui remet le “volet patient”. La case “Information(s) concernant la maladie” du volet patient est complétée en accord avec le patient. Le diagnostic “Infection par le VIH” ne doit pas y figurer si le patient ne le souhaite pas. Le patient peut ensuite consulter directement, sans passer par son médecin traitant, tous les médecins qui figurent sur le protocole de soins. Mais il devra systématiquement leur présenter le “volet patient” (il est donc préférable de l’avoir toujours sur soi, dans son portefeuille par exemple). PIRES et 100 % En revanche, les patients qui disposent d’un PIRES (l’ancienne version du protocole de soins) n’ont pas besoin de le présenter aux médecins qu’ils consultent. S’ils ont déclaré un médecin traitant, ces patients sont considérés dans le parcours de soins coordonné pour les consultations, actes et prestations nécessaires au traitement de leur(s) ALD. Attention : pour une prise en charge à 100 %, le médecin ne doit pas cocher la case “accès hors coordination” de la feuille de soins (Source : CNAMTS, Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés, Lettre d’information aux médecins n° 15, mars 2006 ). Que faire figurer dans le protocole de soins ? Sur le protocole de soins doivent figurer tous les traitements, examens biologiques, consultations de médecins et de professionnels paramédicaux nécessaires à la prise en charge de l’ALD. Seuls sont pris en charge à 100 % les soins figurant sur le formulaire et qui n’ont pas été cochés par la CPAM. En attendant le référentiel HAS La Haute Autorité de Santé (HAS) travaille actuellement à l’élaboration de référentiels (un référentiel par ALD), qui visent notamment à aider les médecins à établir les protocoles de soins. Dans l’attente de ces référentiels et pour des maladies complexes impliquant des recours à divers spécialistes, des suivis personnalisés avec de nombreux examens, comme l’infection par le VIH, l’Assurance Maladie propose d’utiliser des “formulations génériques” (ou globales) pour remplir les parties suivantes du protocole de soins : – “Spécialités pharmaceutiques ou classes thérapeutiques ou dispositifs médicaux”. – “Suivi biologique prévu”. – “Recours à des spécialistes”. Protocole de soins : le formulaire cerfaQuelques questions fréquentes
Plusieurs ALD pour un même patient ? Si un patient est atteint de plusieurs maladies ouvrant droit à l’ALD, toutes doivent figurer sur le même protocole de soins, avec la liste des soins nécessaires. Manque de place ? Il n’y a qu’un protocole de soins par patient, mais, en raison du manque de place, celui-ci peut nécessiter l’emploi de plusieurs formulaires. L’Assurance Maladie l’autorise. Si le médecin a besoin, par exemple, de trois formulaires, il peut les numéroter (1/3, 2/3, 3/3). En revanche, on ne doit pas utiliser de papier libre pour compléter le protocole de soins. A l’avenir, il est prévu que formulaire soit “dématérialisé” (le médecin le complétera directement sur informatique). Besoin de mise à jour ? Le protocole de soins peut être modifié à tout moment par le médecin traitant, en concertation avec le patient et les médecins intervenant dans la prise en charge de l’ALD. C’est notamment nécessaire en cas d’évolution importante et durable de l’état de santé. Soins urgents ? Les soins urgents peuvent toujours être assurés. S’ils sont liés à l’ALD, ils seront pris en charge à 100 %, même s’ils ne figurent pas sur le protocole de soins au moment où ils sont effectués.VIH/sida : les formulations globales sont acceptées et propositions de formulations globales
L’Assurance Maladie a autorisé l’emploi de formulations génériques, ou globales, pour compléter le protocole de soins de patients atteints de pathologies complexes pour lesquelles on ne dispose pas encore d’un référentiel de la Haute Autorité de Santé. Nous donnons ci-dessous des exemples de formulations qui pourraient être utilisées dans le contexte de l’infection par le VIH et des pathologies associées (infections opportunistes, hépatites, hémophilie, etc.). Ces formulations sont destinées au cadre “actes et prestations concernant la maladie” du protocole de soins. Elles ont été élaborées par les associations du TRT-5, avec des médecins prenant en charge des personnes atteintes par le VIH. La liste proposée n’est bien sûr pas exhaustive, et doit être adaptée aux besoins du patient. En accompagnant ces formulations d’explications ou d’exemples, nous souhaitons favoriser l’information du patient et le dialogue médecin – patient, indispensables à l’élaboration du protocole de soins et, plus généralement, à la qualité de la prise en charge. Cependant, ces explications ou ces exemples n’ont pas à figurer dans le formulaire de protocole de soins.Propositions de formulations globales
Catégorie “Spécialités pharmaceutiques ou classes thérapeutiques ou dispositifs médicaux”
– Traitements curatifs et préventifs des maladies infectieuses. Explications : cette formulation recouvre :- les médicaments antirétroviraux, mais aussi tous les médicaments nécessaires à la prévention et au traitement des infections (les antibiotiques, les anti-parasitaires, les anti-mycosiques, etc.) ;
- les traitements des hépatites virales B, C, D ;
- les traitements des infections sexuellement transmissibles ou IST (risque accru chez les personnes atteintes par le VIH) ;
- l’immunothérapie et les vaccins, dont le vaccin contre la grippe, recommandé chez les personnes dont le taux de CD4 est supérieur à 200/mm3.
- douleurs et fièvres ;
- envie de vomir (nausées), diarrhées, constipation, etc. ;
- augmentations des graisses et du sucre dans le sang (troubles métaboliques, diabète) ;
- troubles hormonaux et sexuels (troubles sexuels de l’homme et de la femme, problèmes de thyroïde, etc.) ;
- problèmes osseux (diminution de la densité osseuse induisant une fragilité des os ou ostéoporose, ostéonécrose, douleurs, etc.) ;
- problèmes cardiaques et vasculaires (hypertension artérielle, insuffisance coronarienne, etc.) ;
- retentissements psychiques des traitements et de la maladie (anxiété, dépression, insomnies, confusion, etc.) ;
- problèmes nerveux (neuropathies se manifestant par des paresthésies et dysesthésies : sensations désagréables dans les jambes de type fourmillements, picotements, engourdissements, chocs électriques avec douleurs, etc.) ;
- troubles des phanères (peau, ongle, poils) dus aux médicaments (problèmes de peau)
- allergies aux traitements et troubles associés, etc.